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Somnolence au volant danger

Introduction

Interview du Pr Louis ARBUS
Les troubles de la vigilance sont responsables de 25 à 50% des accidents.

Diaporama "Somnolence au volant danger"
Une information complète en 146 diapositives - production Centaure Midi-Pyrénées

Mémoire sur la fatigue
Un chauffeur routier parle de la somnolence. un document très instructif.

Formations sur ce thème

Interview - Pr Louis ARBUS *
Les troubles de la vigilance

Revue du Comité de la SÉCURITÉ ROUTIÈRE - N° 121 - Novembre 2000 - pages 23 à 25

 

 

Les troubles de la vigilance sont responsables de 25 à 50 % des accidents

Quelques conseils sur la VIGILANCE AU VOLANT

Les troubles de la vigilance sont responsables de 25 à 50 % des accidents

* Professeur de médecine légale à la faculté de Toulouse et ancien Chef du service des troubles du sommeil à L' hôpital Rangueil. Louis Arbus est l'auteur de plusieurs études sur l'impact accidentogène des troubles de la vigilance.
II est surtout l'un des premiers à avoir alerté la société française sur ce fléau méconnu.

Comment avez-vous pris conscience de I'impact des troubles de la vigilance sur la sécurité routière ?

En 1985, j'ai eu l'occasion de mener, avec le Pr Michel Tiberge, une enquête à partir de dossiers d'expertise. Cette enquête montrait que 25 à 50 % des accidents de la route étaient liés à des troubles de la vigilance (endormissements). Puis, nous avons fait procéder à plusieurs séries de tests dans La région toulousaine. Le premier, réalisé auprès de douze conducteurs de bus, montre que la moitié d'entre eux présentait des facteurs de risques pathologiques non dépistés et qu'ils étaient responsables, par ailleurs, de la majorité des accrochages. Le deuxième, mené auprès de pilotes de ligne, confirme qu'une bonne réglementation du repos permet d'éliminer les risques liés à l'hypovigilance dans le milieu professionnel. Le dernier, effectué auprès d'infirmières, révèle un pic des endormissements entre 2 heures et 3 heures du matin, faute d'une organisation du travail adaptée. Entre-temps, d'autres études ont été réalisées sur ce sujet. Celles de I'Assecar1 indiquent notamment que 30 à 35 % des accidents mortels sur autoroute sont dus à I'hypovigilance.

Comment définissez-vous la vigilance ?

L'homme vigilant est un homme éveillé, performant et disponible, capable de s'adapter à son environnement de façon normale. Lorsqu'un piéton traverse, il est capable de freiner aussitôt qu'il I'aperçoit. La vigilance est un terme physiologique; la fatigue renvoie seulement à une dimension physique, L'hypovigilance se caractérise par un défaut I'attention; celui qui n'est pas vigilant est plus ou moins disponible en fonction de son état. Si un obstacle survient, il ne pourra pas I'éviter parce que son temps de réaction est plus long. Quant aux micro-sommeils, ce sont des endormissements brutaux et inattendus qui peuvent survenir dans n'importe quelle situation. Mais s'il fallait ne retenir qu'un message, ce serait celui-là : la vigilance dépend directement et essentiellement de la qualité et de la quantité du sommeil.

Quels sont les éléments qui régulent le sommeil ?

J'en distinguerais trois. D'abord, il existe des centres de sommeil, situés dans le cerveau, qui obligent I'individu à dormir ou à rester éveillé. Ensuite, le sommeil dépend d'un rythme qui alterne périodes de sommeil et périodes d'éveil. En moyenne, un individu doit dormir 8 heures sur 24. S'il n'a pas dormi suffisamment, la sérotonine s'accumule alors dans son cerveau où elle finit par déclencher le sommeil. C'est la régulation homéostasique. Enfin, l'étude de I'oscillation de nos rythmes montre qu'en 24 heures, la somnolence survient le plus souvent à deux moments précis chez le sujet éveillé I'un entre 1 heure et 3 heures du matin, l'autre entre 14 à 16 heures. C'est une régulation circadienne due à l'environnement, à la lumière et orchestrée par la température du corps. En cas de dette de sommeil, c'est à ces moments précis que l'individu aura le plus de risques de s'endormir, sans pouvoir lutter.

Le manque de sommeil est donc bien I'un des facteurs qui altèrent le plus la vigilance du conducteur ?

Certainement, Plus I'individu veille, plus la pression de sommeil est importante, plus il risque de s'endormir. C'est la dette de sommeil dite " aiguë" · qui guette les chauffeurs routiers sur les longs trajets. Mais la dette de sommeil peut aussi être chronique lorsque les nuits trop courtes s'accumulent. Avec un résultat identique. Il faut savoir que les performances de l'individu commencent à baisser lorsque la dette de sommeil atteint deux heures. Et plus il vieillit, moins il est capable de s'adapter...

Les conducteurs le savent-ils ?

Non. parce qu'aucune information ne leur est donnée. Les jeunes devraient y être sensibilisés à l'école, ce qui est de plus en plus le cas, mais aussi dans les écoles de conduite. On estime qu'entre 70 et 80 % des étudiants sont en dette de sommeil. Des spots télévisés devraient également être réalisés sur ce sujet. On ne compte· plus les campagnes contre I'alcool au volant mais rien n'est fait pour prévenir des dangers du manque de sommeil, alors qu'il s'agit d'un phénomène de santé publique comparable. Dans la nuit du vendredi au samedi, beaucoup de jeunes sortent tard alors qu'ils ont accumulé une dette de sommeil importante pendant la semaine. A 5 heures du matin, à l'heure de la fermeture des discothèques, ils reprennent le volant alors que leurs centres d'éveil sont épuisés. Les risques d'endormissement sont alors majeurs et les conséquences terribles... Alcool, dette de sommeil et ignorance sont à l'origine de cette hécatombe.

Quels sont les facteurs qui influent également sur la vigilance ?

Un grand nombre de perturbations sont liées aux pathologies du sommeil, en particulier, la narcolepsie catalepsie2 et surtout, le syndrome d'apnées du sommeil (SAS). Ces apnées touchent entre 3 et 5 % de la population, en priorité des hommes de plus de 40 ans, qui présentent un surpoids, un morphotype particulier (cou épais et court) ou une hypertension artérielle. Elles entraînent des hypoxies3 noctumes qui provoquent, avec le ronflement, de nombreux micro-réveils et nuisent à la qualité du sommeil. Signalons aussi les endormissements liés à la prise de médicaments et de psychotropes. Malheureusement, il y a en France bien peu de statistiques capables de déterminer l'origine pathologique des accidents. · II a perdu le contrôle, entend-on souvent dire...

Le corps médical a donc un rôle prépondérant. Quels sont les médecins concernés ?

Les médecins des commissions médicales du permis de conduire ; les médecins généralistes qui doivent diagnostiquer les pathologies du sommeil, prévenir les patients des effets éventuels des médicaments... mais aussi les médecins du travail qui doivent s'assurer de la sécurité des salariés de l'entreprise, comme de celle de la collectivité.

Comment ces derniers s'acquittent-ils de ce devoir ?

Plus ou moins bien selon les régions, Pour des raisons variables qui tiennent souvent à la difficulté de leurs fonctions. Certains médecins du travail ne parviennent pas à interdire la conduite aux chauffeurs professionnels, Beaucoup d'entre eux connaissent encore imparfaitement la symptomatologie des pathologies du sommeil. Les médecins du travail ont pourtant un rôle déterminant à jouer.

La formation est-elle suffisamment importante dans ce domaine ?

De ce côté, la France a quelques longueurs de retard. Nous devons sensibiliser les citoyens, les chauffeurs professionnels, mais aussi les pouvoirs publics aux dangers que suscitent les troubles de la vigilance. Aux États-Unis par exemple, les futurs chauffeurs font systématiquement l'objet d'un examen polygraphique du sommeil au cours de leur formation afin que les syndromes d'apnées du sommeil soient dépistés suffisamment tôt.

D'une façon générale, que pensez~vous des conseils délivrés aux automobilistes ?

Le seul conseil valable : s'arrêter toutes les deux heures et lorsque l'on se sent gagné par le sommeil. Mais on n'est pas toujours conscient d'être victime d'un trouble de la vigilance... Aussi chacun doit-il connaître son potentiel de sommeil et être capable de prévenir l'accident en partant reposé.

1. Assecar : Association des sociétés d'autoroutes pour la sécurité.

2. Narcolepsie catalepsie : maladie du sommeil d'origine neurologique qui se caractérise notamment par des crises irrésistibles de sommeil.

3. Hyyoxies : état dû à la réduction du nombre de molécules d'oxygène disponibles dans le sang.

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Quelques conseils sur ... LA VIGILANCE AU VOLANT

Avant le départ

  • Dormez correctement les nuits précédentes. A titre indicatif, 1 à 2 heures de sommeil en moins par nuit = au bout de 1 à 5 jours, une nuit blanche.
  • Attention aux médicaments. Vérifiez la notice et informez-vous auprès de votre médecin.
  • Prenez la route après une nuit de sommeil réparateur (environ 7 heures). Ne vous levez pas à une heure inhabituelle.
  • Prenez un petit déjeuner consistant et une boisson stimulante (thé, café) à dose modérée. Évitez de partir après une journée de travail.
  • Avant un voyage de nuit, faites une sieste préventive d'environ 1 heure 30.
  • Si vous décidez de partir la nuit, sachez que votre vigilance est à son minimum entre 3 et 6 heures. Ne vous fixez pas une heure d'arrivée.

Au cours du trajet

  • Imposez-vous des pauses fréquentes d'une durée de 10 à 20 minutes.
  • Si vous roulez sur autoroute, détendez-vous, marchez sur les aires.
  • Buvez beaucoup d'eau et évitez les aliments riches en graisse.
  • Respectez les distances de sécurité.
  • Si votre voyage doit dépasser 8 à 10 heures, sachez vous arrêter pour passer une nuit normale de sommeil.
  • Attention à l'approche de votre destination : 4 fois plus d'accidents ont lieu en fin de parcours suite à un assoupissement.
  • 65 % des accidents corporels surviennent à moins de 15 km de chez soi sur des trajets quotidiens connus.

Sachez reconnaître les premiers signes de fatigue

  • Difficulté à maintenir une vitesse constante.
  • Difficulté à maintenir sa trajectoire
  • Manque de concentration.
  • Inattention à la signalisation ou au trafic·
  • Gestes mécaniques
  • Picotement des yeux·
  • Bâillements répétés
  • Nuque raide
  • Tête lourde
  • Engourdissement des jambes
  • Périodes d'absence

Sur environ 4 heures de conduite, de jour comme de nu!t, on constate jusqu'à 30 minutes cumulées de:baisse de vigilance. La plupart des accidents liés à l'assoupissement surviennent la nuit entre 0h et 6h et le jour entre 13h 16h.

Et si vous voyagez de nuit...

La conduite de nuit nécessite un certain nombre de précautions à prendre impérativement :

  • Faire vérifier sa vue régulièrement, spécifier à l'ophtalmologiste la pratique de la conduire de nuit, avoir une paire de lunettes de rechange dans le véhicule.
  • Partir reposé et en bonne forme physique, Vous pouvez compenser dette de sommeil par une sieste préalable dans la journée.
  • En cas de contrainte d'horaire, passer le volant à un passager, se relayer toutes les 2 heures et limiter à 6 heures maximum la durée de conduite par 24 heures. Ne pas aller au-delà de ses limites.
  • Être attentif aux signes de fatigue, ne pas hésiter à s'arrêter sur une aire de service.

17 heures sans sommeil sont équivalents à une conduite sous l'emprise de l'alcool.

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© Dr Eric Mullens - janvier 2001
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