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Le poste
de nuit |
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Type
de travail |
Matin |
Aprés-midi |
Nuit |
Jour |
Repos |
Durée
du sommeil |
5
h |
8
h 30 |
6
h 15 |
7 h 30 |
8 h 45 |
Plus
de 30' pour s'endormir |
40
% |
31
% |
18
% |
26
% |
25
% |
3
réveils ou plus pendant la nuit |
18
% |
10
% |
11
% |
10
% |
8
% |
Sommeil
insuffisant |
78
% |
16
% |
49
% |
31
% |
11
% |
Mauvais
sommeil |
50
% |
10
% |
33
% |
23
% |
12
% |
Réveil
matinal provoqué |
76
% |
27
% |
24
% |
54
% |
14
% |
Sommeil
au réveil |
60
% |
16
% |
37
% |
32
% |
11
% |
Somnolence
au travail |
|
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|
|
|
% |
43
% |
10
% |
63
% |
41
% |
|
Heure |
9
h |
17
h 30 |
3
h 30 |
14
h |
|
Sieste |
|
|
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|
|
% |
72
% |
5,5
% |
40
% |
16% |
23
% |
Durée |
70
mn |
Courte |
30
mn |
10
mn |
15
mn |
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- Temps de sommeil 6h15'
- Dette
de sommeil d'environ 2h par rapport au repos,
majorée par le fait que le sommeil du matin
s'effectue au cours d'une période normalement
réservée à l'éveil.
- Tous les synchroniseurs
sont orientés vers l'éveil : lumière,
température, environnement (bruit, activité).
- L'ajustement au travail
de nuit permanent est meilleur que pour le travail
à horaires tournants puisqu'il n'y a pas
de multiples changements d'heures.
- C'est au cours du sommeil
de matin que les personnes sont le plus gênés
par le BRUIT pendant leur sommeil.
38% des
personnes qui travaillent de nuit sont gênées
par le bruit dans leur sommeil. A comparer avec:
poste du matin 28% - poste du soir 17% - repos 18%
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Voir
aussi bruit
*"Est-ce-que votre sommeil est
dérangé par le bruit ? Si oui, par quelles
sortes de bruit ?"
- Bruits dans le logement
(67 % des réponses)
- Enfants : pleurs, maladie,
réveil ...
- Conjoint, famille: ronflement,
horaires de travail, bip...
- Téléphone,
sonnette.
- Représentant,
relevé compteur EDF ...
- Porte qui claque, verrou
de porte.
- Lave vaisselle ou lave
linge.
- Animaux, chiens ...
- Bruits à l'extérieur
du logement (55 % des réponses)
- Voisins : HLM, aspirateur,
lave vaisselle ...
- Rue : jeunes dans la
rue, circulation, voitures, mobylettes, klaxons,
camion poubelles, pompiers, parking, klaxon
du boulanger ...
- Tracteur, tondeuse,
travaux, garages...
- Pluie, vent
- Aboiements ...
Conseils
pendant le sommeil de la journée
- Prévenir les autres
que vous dormez.
- Bien faire le noir dans
la chambre.
- Bouchons dans les oreilles.
- Débrancher le téléphone
et la sonnerie de la porte.
- Panneau " ne pas déranger
" sur la porte.
- Éviter de se faire
réveiller.
- Voir
le document de synthèse
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Repas
du soir
- Unique et non 2 prises (domicile
+ travail).
Au cours de la nuit - collation
- Attention au grignotage
sucré ou salé. Les prises alimentaires
nocturnes ne doivent pas s'ajouter aux repas principaux.
- Entre 1h et 3h du matin
pour maintenir un niveau de vigilance correct.
- Plutôt protido-glucidique
(pain/poulet) que glucido-lipidique (pain/beurre/confiture).
- S'hydrater tout au long
de la nuit.
- Éviter de prendre
du café 3 à 4 heures avant d'aller
dormir.
Petit-déjeuner
- Avant d'aller dormir.
- Plus léger que le
petit-déjeuner traditionnel. Conserver toujours
une boisson chaude sucrée (chocolat chaud,
infusion ...)
Repas de midi
- Après le sommeil
du matin.
- Essayer au maximum de conserver
un déjeuner traditionnel.
Voir
aussi : "alimentation et travail posté"
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A la
demande de la S.A. POILÂNE (boulangerie parisienne)
j'ai réalisé
en janvier 1995 un module Sommeil à l'attention
des jeunes aspirants boulangers, mais aussi des boulangers
confirmés.
L'objectif était de
sensibiliser sur le sommeil des travailleurs de nuit
et sur la conséquences de la somnolence qui en
résulte (voir aussi conduite de nuit chez les jeunes).
Ce module sommeil s'intègre
dans une auto formation sur cédérom comprenant
des conseils pratiques sur l'alimentation, le sommeil
et des sujets de culture générale intéressant
cette catégorie socioprofessionnelle.
Texte de ce module sommeil
Savez-vous que lorsque vous aurez
75 ans vous aurez dormi pendant 25 ans ?... Le
sommeil est un besoin physiologique quotidien indispensable
pour notre survie. Il permet de développer harmonieusement
notre corps et notre esprit. La qualité du sommeil
dépend de la qualité de la veille et réciproquement.
Un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité
crée une somnolence dont les conséquences
peuvent être graves notamment pendant les périodes
de travail et de conduite automobile - accidents du
travail et de la circulation par exemple.
Notre
besoin de sommeil est rythmé
comme une horloge. Il survient régulièrement
à 2 périodes au cours des 24 heures.
- Tout d'abord la nuit. Une
nuit de sommeil se compose de 4 à 5 cycles
de sommeil. Chacun dure en moyenne 1 heure 30 et
comprend le sommeil lent profond qui recharge notre
organisme en énergie et le sommeil paradoxal
ou sommeil du rêve qui permet la récupération
psychique. Nous rêvons tous en moyenne 100
minutes et surtout en fin de nuit.
Entre chaque
cycle de sommeil existe un réveil trop bref
pour que l'on s'en souvienne. Cependant, certaines
nuits, le rendormissement peut être plus long
notamment en cas de soucis ou bien si l'on a consommé
trop d'excitants dans la journée. La
durée du sommeil diminue avec l'âge.
Un enfant de 8 ans doit dormir environ 11 heures
par nuit, à 20 ans 8 heures et à 70
ans 6 heures suffisent.
- La seconde période
de somnolence naturelle survient en milieu de journée.
Nous l'appelons la sieste. Elle se traduit par un
besoin de repos ou de relaxation de 10 à
20 minutes entre 13 heures et 15 heures. Elle permet
de "couper" la journée pour rester
en forme et vigilant jusqu'au soir. L'envie de dormir
est présente chez tout le monde, à
tous les âges mais à des degrés
plus ou moins importants. Elle est plus marquée
si la nuit précédente a été
mauvaise ou courte. On ne doit cependant pas dormir
trop longtemps pour éviter une insomnie la
nuit suivante.
Le
manque de sommeil - appelé aussi
dette de sommeil
- entraîne inévitablement une somnolence.
Cette baisse de vigilance se traduit par de nombreux
signes. Par exemple des courbatures, une lassitude,
une nervosité et une irritabilité envers
les collègues de travail ou lors de la vie familiale.
Par un manque de motivation, une altération des
réflexes, une erreur de manipulation. Elle peut
être la cause d'un retour de flamme, d'une fournée
sans sel ou d'une mauvaise maîtrise de la fermentation.
Le risque majeur étant l'endormissement imprévisible
aux conséquences souvent catastrophiques notamment
en conduisant.
Le
seul moyen de l'éviter consiste
à respecter les règles les plus élémentaires.
Évitez les boissons stimulantes ou excitantes
4 à 5 heures avant d'aller vous coucher: café,
thé, sodas contenant de la caféine, vitamine
C. De même, ne fumez pas avant d'aller au lit.
Vous éviterez aussi l'alcool qui rend somnolent
et provoque une agitation en fin de nuit. Respectez
un rythme de sommeil régulier : ne vous couchez
pas trop tard et pratiquez régulièrement
un exercice physique. Récupérez au cours
des périodes de repos et de congés.
Le
travail de nuit impose de rester éveillé
pendant une période normalement réservée
au sommeil. Il expose à un risque de somnolence
surtout entre 1 heure et 5 heures du matin. Il est donc
essentiel de prévenir ce trouble. En France,
environ 1 million de personnes travaillent actuellement
de nuit, 50% d'entre vous en manufacture ou en boulangerie.
L'adaptation à ce rythme est très variable
selon les individus. Elle est généralement
bonne jusqu'à 35 - 40 ans. Un travailleur
de nuit doit impérativement se responsabiliser
et s'imposer une hygiène veille-sommeil excellente
pendant la journée et au cours des périodes
de repos. Il doit assurer la qualité de la production
pendant son travail et se reposer pendant la journée
tout en conservant une vie sociale et familiale.
Certaines solutions ou "recettes" pourront
vous aider à y parvenir.
Avant
une période de travail, essayez
de faire une bonne sieste dans la journée, surtout
avant la première nuit de cette période.
Cette sieste peut être longue. La vigilance nocturne
sera bien meilleure d'autant que le premier poste de
nuit impose bien souvent une journée de 24 heures
!... Pendant
le travail de nuit, vous pouvez consommer
raisonnablement du café mais pas plus tard que
23 heures - minuit. En boire trop non seulement rend
anxieux, nerveux, mais encore altérera la qualité
du sommeil du matin. Il vaut mieux travailler dans un
endroit très bien éclairé. En fin
de nuit évitez de fumer. Il n'est pas recommandé
de grignoter en permanence. Après
le travail de nuit, si vous devez conduire,
aérez la voiture et ne la chauffez pas trop.
Si le sommeil survient - bâillements, yeux qui
piquent, tête qui devient lourde en sont les premiers
signes - n'hésitez pas à vous arrêter
pour dormir.
Contrairement à ce que
l'on pourrait penser, le travail de nuit ne permet pas
un travail supplémentaire de jour. La double
journée est dangereuse parce qu'elle majore le
déficit de sommeil. Dès que vous arrivez
chez vous, il est indispensable de prendre un petit-déjeuner,
puis d'aller se coucher sans lutter contre le sommeil.
Au coucher vous devez apprendre à vous relaxer.
Il faut se rapprocher au mieux des conditions du sommeil
de nuit : volets fermés, utilisez éventuellement
des boules "quiès", débranchez
le téléphone et la sonnerie de la porte,
mettez sur la porte d'entrée un panneau "ne
pas déranger", prévenez les amis
que vous dormez, ne vous faites pas réveiller.
Si ces conditions sont bien respectées, le reste
du temps sera consacré aux loisirs ou aux activités
sportives qu'il ne faut pas négliger.
Les congés sont nécessaires
pour vous "recaler" sans entretenir la dette
de sommeil. Il convient d'augmenter le temps de sommeil
en évitant de se coucher trop tard et en profitant
de la grasse matinée, sans oublier la sieste.
Il est primordial d'éviter de se remettre en
manque de sommeil quelques jours avant de reprendre
le travail.
Certains peuvent envisager de
prendre un somnifère. Il s'agit d'un médicament
dont l'utilisation doit être très prudente
et de courte durée, jamais sans un avis et un
suivi médical strict.
Travailler de nuit impose une
nouvelle philosophie de vie. Vous êtes encore
jeunes mais ceux qui sauront respecter une parfaite
hygiène de sommeil auront un bénéfice
immédiat mais aussi à long terme sur leur
santé, leur vie professionnelle et familiale.
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La GUERRE d’ALGERIE 1958-1960. Observations
sur le combat de nuit, du Capitaine N. DELPON commandant
le 2e Escadron du 18e Rgt. de Dragons
MISSION sur la « HERSE »
La « HERSE » était constituée par un barrage de barbelés
électrifiés à 5.000 volts et de mines anti-personnel
le long de la frontière Tunisienne, de Bône à Bir el
Ater sur 500 Km. La mission qui me fut confiée avec
mon Escadron d’Appelés, équipé de blindés légers, était
l’interdiction de tout franchissement de nuit aux rebelles,
pendant 16 mois sur 24 Km. de frontière, entre Duvivier
et Laverdure, au nord de Souk Ahras. Nous étions
formés pour combattre éventuellement quelques nuits,
mais pas pour tenir pendant 480 nuits consécutives. Le
préavis d’un mois, me permit de préparer ma troupe à
cette forme de combat qui nous impressionnait un peu. Ma
première note de service d’organisation, qui précisait
que dès le lendemain le repas de midi serait désormais
servi à minuit, et le petit-déjeuner à midi, donnait
le ton du bouleversement des activités habituelles. Le
rodage physiologique fut très dur pour tous pendant
les 15 premières nuits, nous avions l’impression de
ne pas pouvoir nous adapter efficacement. Des sentinelles
en armes s’endormaient à leur poste malgré leur volonté
de résister, et j’eus à déplorer 4 accidents de véhicules
retrouvés renversés dans les fossés, les conducteurs
ayant succombé au sommeil. La fatigue pouvait diminuer
la vision sur le balisage des champs de mines et celui
du 5.000 volts passant sous les ponts, qui aurait pu
être mortelle pour celui qui aurait simplement uriné
en contre bas dans la nuit. Avec le Lieutenant FAVE,
Médecin Chef du Régiment, une étude de la fatigue des
hommes et de leur capacité de récupération fut entreprise,
et aboutit aux conclusions qu’il fallait réserver régulièrement
au minimum 7 heures de sommeil à chaque Soldat, toutes
les 24 heures. Ce n’était pas facile avec les imprévus
du combat et par le fait que le sommeil s’effectuait
le jour, de l’aube à 13 heures, avec l’obligation de
maintenir le noir dans les dortoirs de la troupe, ainsi
qu’un minimum de bruit à l’extérieur lors de l’entretien
des blindés, effectué par une équipe qui n’opérait que
le jour. Après le cap de deux semaines, petit à petit
nous fumes plus à l’aise ; puis par la suite notre comportement
la nuit devint aussi facile que le jour, la fatigue
disparut. Ce qui nous surprit le plus fut l’impression
que notre vision de nuit s’améliorait nettement, la
perception auditive du moindre bruit dans le silence
nocturne également. L’incorporation du contingent
tous les deux mois nous obligeait à adapter les nouvelles
recrues à la nuit, périodiquement. La surprise de
nos épouses lors de nos courtes permissions en métropole,
était de constater que nous ne dormions plus la nuit,
la réadaptation inverse n’ayant pas eu le temps de s’effectuer
en quelques jours. Je dois noter une curiosité de
plus, c’est que le nouveau repas de minuit complet était
bien avalé par la troupe et que par contre ce que je
croyais être devenu le petit-déjeuner à 13 heures, avait
dû être corsé comme un repas normal malgré le repas
du soir, l’organisme ne supportait pas un grand vide
d’aliments de minuit à 19 heures du soir. Pour ce
qui me concernait personnellement dans mon commandement,
ayant à visiter mes pelotons toute la nuit, contrairement
à eux qui n’étaient engagés que la moitié du temps avec
relève à minuit, je fus étonné de pouvoir très bien
résister au sommeil dans ces circonstances. Cette
expérience a été très instructive sur la capacité du
corps à s’adapter ainsi à une activité nocturne inhabituelle.
N. DELPON
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